Antonio Mariotti sur «Il Bacio di Tosca»

« Ceci est ma plus belle œuvre »: ainsi aimait à dire Giuseppe Verdi à propos de la maison de retraite pour artistes lyriques créée par lui à Milan en 1902. Daniel Schmid aurait peut-être tenu les mêmes propos au sujet de « Il bacio di Tosca », le film qu’il a tourné dans ces murs en 1984 avec des interprètes plus ou moins illustres du monde de l’opéra de jadis. 

Le cinéaste grison qui, à l’adolescence, prenait le train pour aller voir la Callas sur la scène de la Scala, est parfaitement à l’aise dans cet univers mélancolique, imprégné de souvenirs mais bouillant d’activité. Ses protagonistes ne craignent pas la mort : ils l’ont vécue des centaines de fois sur scène et ils la défient jour après jour en réinterprétant, avec leurs voix d’aujourd’hui, le meilleur de leur répertoire d’antan. 

Daniel Schmid déambule à pas feutrés dans la « Casa Verdi », trouvant la balance entre le souci pudique de ne pas déranger et l’envie irrépressible de le faire. C’est cet équilibre magique qui donne au film l’aura d’éternité et de beauté qui en fait un chef-d’œuvre. Immortel, comme les héros de Verdi.