Frédéric Maire sur «Kleine Freiheit»

Hans-Ulrich Schlumpf est à mon sens l’un des auteurs de films documentaires les plus importants de Suisse. Son regard perçant mais bienveillant sur ses sujets lui permet de raconter avec tact et finesse des réalités sociales, humaines ou politiques très variées, qu’il évoque le destin d’un artiste («Armand Schulthess – J’ai le téléphone», 1974), le travail des tailleurs de pierre («Guber – Arbeit im Stein», 1979), la transhumance des manchots («Der Kongress der Pinguine», 1993) ou la vie des occupants des jardins familiaux disséminés tout autour de Zürich – et aujourd’hui presque tous disparus («Kleine Freiheit», 1978). Schlumpf décrit ici avec empathie le destin de ces hommes et femmes qui ont fait de leur jardin un espace de rêve et de liberté pour occuper leur temps libre ou leur retraite, avec le jardinage, la construction circuits de trains miniatures ou la sculpture sur bois… Hélas, les voici obligés de détruire eux-mêmes ces petits coins de paradis qu’ils se sont créé pour faire place à l’urbanisation triomphante. Un condensé d’Helvétie entre humour et compassion.