Matthias Lerf sur «Hécate»

Un tel montage ne pouvait venir à l’esprit que de Daniel Schmid : passer directement du gros plan d’une coupe de champagne pétillante dans un verre en cristal à l’écume de la mer Méditerranée – et à un grand flash-back dans les années 1930, qui raconte la partie principale de cette histoire.

Le réalisateur grison s’était depuis longtemps imposé dans le Nouveau cinéma suisse comme le franc-tireur par excellence, capable de désorienter et de combler le public en lui proposant des fables stylisées à l’extrême comme «La Paloma». Dans «Hécate», il a fait du grand cinéma, une histoire d’amour classique, qui voit un homme chercher à percer le «mystère» de la femme mais doit constater qu’elle n’est que la projection de son propre univers mental.

Le mannequin américain Lauren Hutton et le grand acteur français Bernard Giraudeau interprètent les rôles principaux, alors que l’action se situe au Maroc dans la moiteur des milieux diplomatiques - immergé par Daniel Schmid (et son directeur de la photographie Renato Berta) dans un univers visuel envoûtant. C’est difficile à décrire – mais, comme le dit le film en exergue, «les mots arrivent toujours trop tôt – ou trop tard».