« Alexandre »

Avec une intrigue fondée sur un quiproquo volontaire – créé par la mystérieuse Ariane qui fait croire à ses deux amants qu’elle les a quittés pour un non moins mystérieux Alexandre – le scénario du premier long-métrage de Jean-François Amiguet, coécrit avec Anne Gonthier, pourrait faire croire à une comédie. Or après la résolution du malentendu, le public se retrouve immergé dans la relation qui naît entre ces deux êtres : l’intellectuel rêveur et le serrurier dépanneur, épris de la même femme, comme les deux faces d’une même monnaie.

Loin de la caricature, le film ensemence la réalité de touches poétiques, renforcées par la douceur de l’étalonnage, comme si l’intrigue flottait entre montagnes et lac. Grâce à sa sélection en compétition officielle au festival de Locarno en 1983 et à une circulation dans le monde entier dans une dizaine de festivals, « Alexandre », privé du soutien de la Commission fédérale du cinéma, réussit à transmettre une vision pleine de fantaisie et de mélancolie des rives du Léman : à Vevey se joue un ballet sentimental entre rêve et réalité.

Restaurée par la Cinémathèque suisse avec le concours du cinéaste, la version numérique apporte, selon son auteur, une définition et des détails qu’il n’avait jamais vus auparavant.